Aqualines débute la construction de ses bateaux volants à Bayonne avant une nouvelle levée

« La Tech pour un avenir meilleur », le thème du CES (consumer electronic show) 2023 de Las Vegas correspond parfaitement à l'ambition des fondateurs d'Aqualines. Installés à Bayonne depuis l'été 2021, ils font partie pour la première fois de la délégation régionale au salon mondial de l'innovation aux côtés de 23 autre entreprises innovantes.

« À Las Vegas, comme au Bourget cette année, nous allons pouvoir rencontrer des acheteurs potentiels et surtout expliquer le fonctionnement de notre véhicule à effet de sol, qui sera capable de voler, grâce à son moteur électrique ou pile à hydrogène, entre 200 et 320 km/h sur un coussin d'air au-dessus de l'eau, sans déranger l'écosystème maritime et sans infrastructures spécifiques », expose Guillaume Catala

Il est l'un des trois fondateurs de l'entreprise et poursuit : « Notre véhicule contribuera ainsi à verdir le secteur du voyage représentant 6,6 milliards de tonnes de CO2 chaque année, dont 2 milliards pour l'avion et le ferry. Réduire nos déplacements ne suffira pas à réduire ces émissions, car d'ici 2050 il y aura trois milliards d'humains de plus qui voudront aussi voyager », argumente celui qui a créé Aqualines en 2021 avec Laurent Godin, ex-dirigeant de la filiale Indonésie d'Airbus, et Pavel Tsarapkin.

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Un vif intérêt

C'est ce jeune russe qui a ressorti des cartons un engin imaginé dans les années 50 et n'ayant jamais été développé à grande échelle. Ce devrait être chose faite cette année :

« Nous venons d'obtenir le permis de construire pour notre nouveau centre de recherche sur le quai St Bernard de la zone portuaire de Bayonne. Il comprendra 400 m2 de bureaux et 1300 m2 d'atelier sur un total de 6000 m2. Nous prévoyons d'être opérationnels dès le 15 avril et d'effectuer au plus tard en septembre les premiers vols des véhicules de la première gamme à cockpit ouvert, suivie d'une seconde d'entre 14 et 25 places », annonce Guillaume Catala.

L'entreprise aurait déjà reçu plus de 200 manifestations d'intérêts de la part d'agences gouvernementales, de distributeurs et de compagnies de transport. Aqualines promet un tarif moins cher que l'avion pour ses engins et une vitesse plus élevée qu'un bateau, mais il n'est pas seul sur le créneau. Des anciens de Boeing développent à Boston un véhicule similaire, le Seaglider, qui devrait être disponible d'ici cinq ans, mais dont 325 exemplaires ont déjà été vendus pour une valeur de six milliards de dollars. La société, Regent, est soutenue par Peter Thiel, un des parrains de la Silicon Valley et a signé des partenariats avec TotalEnergies ou encore BrittanyFerries.

« Il nous paraissait logique que notre projet voie le jour en France, qui dispose de la deuxième zone économique exclusive au monde avec un million de kilomètres carrés de mer », rappelle Guillaume Catala, par ailleurs dirigeant de Steinberg Protocol. Le leitmotiv de ce fonds qu'il a créé à Singapour, après une carrière dans de nombreux domaines et de nombreux pays de l'Asie-Pacifique, est d'investir « pour un futur désirable. Nous avons investi dans une cinquantaine de projets à impact dont des hôtels neutres en carbone ». C'est d'ailleurs en cherchant un moyen de locomotion entre des chambres implantées sur de petites îles que cet homme qui a quitté la France en 1993 est tombé sur le projet de Pavel Tsarapkin. « Nous sommes déjà en discussion pour des sites d'assemblage potentiels en Asie-Pacifique, mais aussi au Moyen-Orient et en Amérique du Nord, car nous voulons fabriquer et vendre localement. Ce serait un non-sens de livrer l'Australie depuis Bayonne... », appuie le cofondateur.

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Partenariat avec Alpine

Pour le premier site d'Aqualines, la Nouvelle-Aquitaine était une évidence pour le trio. Et le port de Bayonne en particulier, avec la proximité des constructeurs aéronautiques - futurs fournisseurs ou partenaires-, mais aussi l'estuaire de l'Adour et Biscarrosse, berceau mondial de l'hydraviation où Aqualines aimerait créer une école de formation. « Nous sommes la première entreprise à nous installer dans la nouvelle zone d'activité spécialisée dans les technologies de l'océan et avons une autorisation de cinq ans. Un dispositif convenu avec la Région (propriétaire du port) et la CCI Bayonne Pays basque qui convient à notre structure », explique Guillaume Catala.

Pour le moment, la vingtaine de salariés, qui seront bientôt une trentaine, sont installés dans la pépinière Olatu, à Anglet. Labellisée French Tech Pays Basque et membre du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), d'Aerospace Valley et du Cluster Maritime Français, Aqualines collabore avec l'école d'ingénieurs Estia de Bidart, tout comme avec son centre de recherche Compositadour à Bayonne. « Nous avons la chance d'être approchés », reconnaît le cofondateur, contacté par des fournisseurs ou partenaires potentiels. C'était le cas d'Alpine avec qui le groupe a signé un accord de collaboration fin septembre. La marque, à travers sa nouvelle entité Alpine R&D Lab, met ses ressources techniques et humaines à disposition de projets, celui d'Aqualines étant le premier.

Levée de 60 millions d'euros

Et Aqualines a le même succès auprès des investisseurs. Après une première levée sécurisée de 10 millions d'euros en 2021, à laquelle s'ajoutent la participation de la Région Nouvelle-Aquitaine et de Bpifrance, la société en prépare une seconde, de 60 millions d'euros cette fois. « Cette somme correspond à nos besoins jusqu'en 2029. Nous avions prévu de clôturer cette levée en 2025, mais ce serait déjà pour cette année », se félicite Guillaume Catala, heureux de ne pas être le seul à croire que la « tech » peut créer un avenir meilleur.

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