Ils veulent quitter Bordeaux : "Je ne reconnais plus la taille humaine de cette ville"

Avec ses 820 000 habitants comptabilisés en 2020, la métropole bordelaise gagne environ 10 000 nouveaux arrivants par an et les conséquences sont multiples. (©Actu Bordeaux / Marion Biosse Duplan )

« La qualité de vie n’y est pas, la sérénité non plus. » Et pour cause… D’après une étude Yougov réalisée en février 2023 à la demande du site Meilleurs Agents, 63% des habitants de Bordeaux – soit deux Bordelais sur trois – voudraient quitter la ville.

Si la tendance au départ est davantage marquée dans les villes de Lille (75%) et Rennes (65%), la capitale girondine n’échappe pas au besoin d’évasion de ses citadins. 

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L’envie de retrouver un environnement plus calme, moins pollué ou de gagner en espace de vie sont parmi les principaux arguments évoqués dans cette étude. Il y a quelques jours, Actu Bordeaux a lancé un appel à témoignage et vous être nombreux à y avoir répondu. Voici les principales raisons évoquées par les lecteurs qui pensent à quitter Bordeaux. 

Le combo « ville saturée » et « transports blindés »

« Je ne reconnais plus la taille humaine de cette ville, débine Florent. Je suis à Bordeaux depuis 31 ans et je vois l’évolution de la métropole chaque jour, c’est devenu gigantesque. On ne peut plus se balader le week-end sans avoir ces affreux bouchons et cette pollution ! » 

Comme Florent, vous êtes nombreux à partager votre sentiment d’une ville « saturée » d’habitants. Avec ses 820 000 habitants comptabilisés en 2020, la métropole bordelaise gagne environ 10 000 nouveaux arrivants par an et les conséquences sont multiples. Parmi elles, celles « des transports bondés », témoigne Sandrine de Villenave d’Ornon, « ou régulièrement en panne », enchaîne Franck, ont été les plus évoquées.  

Le plus effrayant c'est que les programmes immobiliers Brazza, Niel et Euratlantique ne sont pas encore livrés et tout est pourtant déjà saturé.

Franckhabitant de Bordeaux

Quant aux pistes cyclable, si Florent se réjouit au moins de pouvoir « tout faire à vélo », Franck crie à « l’anarchie la plus totale ! » avec des quais saturés d’engins à deux roues aux heures de pointe.

Après cinq ans passés aux portes de la capitale girondine, où il pouvait pourtant « tout faire à pieds facilement », Alban a fini par déménager « sans aucun regrets ». Désormais installé à Ambarès-et-Lagrave, il est à seulement « quinze minutes de Bordeaux en deux roues avec toutes les commodités d’un village girondin ». « Les transports en commun sont moins bons mais quand on compare les pour et les contre. Y a pas photo. » 

Bordeaux : « pour les balades et le shopping »

Et en parlant des « pour » et des « contres », Mary, 54 ans, a des choses à dire. Habitante de Bordeaux pendant des années, elle a sauté le pas en 2021 pour s’installer dans une commune de 1 000 habitants dans le Sud-Gironde. 

« Bordeaux a beaucoup changé », analyse cette ancienne employée de banque en reconversion pour devenir aide-soignante. « Beaucoup plus de monde s’est installé créant cette agitation permanente, ce bruit. J’ai vu aussi une montée de l’insécurité », explique-t-elle.

« Maintenant j’ai une maison avec jardin et une vie à la campagne sans les embouteillages ! », se réjouit la (désormais) Villandraute, qui ne nie pas l’impact du Covid sur son envie de nature et de changement de vie. 

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« Le bruit » et « la saleté » de la ville reviennent aussi dans plusieurs témoignages dont celui  d’Éric, décidé à quitter le quartier bordelais de Mériadeck « trop bruyant à cause des bus et des manifestations ». Il a trouvé « plus grand » et « moins cher » à Cenon, d’où il verra la ville depuis son balcon. « Désormais, j’irai à Bordeaux pour les balades et le shopping. »

Pour Sarah, résidant toujours à Bordeaux, « la qualité de vie n’y est pas, la sérénité non plus ». Les points les plus problématiques, selon elle, sont « la montée de la délinquance et des incivilités » ainsi que « la saleté » de la ville. Puis elle ajoute à sa liste le prix exorbitant de l’immobilier. Et elle n’est pas la seule. 

« Deux garants pour un pauvre 30m2« 

« J’aimerais quitter Bordeaux avant tout à cause des prix des loyers », raconte Emma, pharmacienne. « Je gagne plus de 2 000 euros par mois et on me demande encore un ou deux garants pour un pauvre 30 m2. »

En plus, je ne pourrais jamais être propriétaire à Bordeaux. Dans toutes mes simulations, tout ce que je pourrais me payer, c’est un studio.

Emmapharmacienne

Avec cinq déménagements au compteur en huit ans, elle explique avoir habité des « bouges immondes aux murs moisis » en plein centre-ville, le tout pour des loyers toujours plus élevés.

« Le plancher étant humide, le proprio nous avait bien prévenus de ne pas poser le pied à certains endroits », raille-t-elle et s’excusant presque pour « ce pamphlet » contre l’immobilier bordelais. 

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