VIDÉO : À Bordeaux, Sofia suit un stage pour vaincre sa peur de l'avion

À Bordeaux et à Toulouse, AviaSim propose des stages pour aider des personnes à vaincre leur peur de l’avion. (©Actu Bordeaux / Marion )

« Ce qui me fait peur c’est de ne pas pouvoir sortir en cas de problème. » À bord du cockpit, la tête dans les nuages ou presque, Sofia*, 34 ans, se concentre sur la manœuvre indiquée par l’instructeur. Terrorisée par l’avion depuis quelques années mais bien décidée à dépasser son blocage, cette professeure d’italien s’est inscrite à un stage pour vaincre sa peur. Cet après-midi, à Bordeaux, là voilà à bord d’un simulateur de vol.

« Et si quelqu’un fait un malaise dans la cabine ? », « l’avion peut-il tomber en cas de turbulences ? » Assise aux commandes à côté de Yannick, ancien pilote de ligne Air France devenu instructeur, Sofia se laisse aller aux questions avant le « décollage ». Pour l’instant le simulateur affiche toujours le tarmac et le moteur est éteint. « Donc tout va bien », plaisante-t-elle. 

La peur du crash

Pendant des années pourtant, rien n’a empêché la jeune maman de parcourir la planète en avion, même jusqu’en Australie. « Je n’ai jamais vraiment aimé ça », explique Sofia qui a vu son anxiété gagner du terrain à chaque nouveau vol.

Si le Covid a mis à l’arrêt les baroudeurs, elle n’a pas réussi à remettre le pied dans un avion depuis ses grossesses. Une crainte qu’elle associe à la peur de laisser ses enfants sans maman en cas d’issue dramatique. « Et maintenant je fais quinze heures de voitures au lieu de simplement 1h30 en avion pour aller voir ma famille en Italie », s’excuse-t-elle. 

Quelques minutes plus tard, on s’y croirait. La tête « de l’A320 » pointe vers le ciel, l’écran affiche 11.000 pieds, puis 35.000, direction Naples. « De la balade », pour Yannick, retraité depuis peu, dont les heures de vols se comptent en milliers. « On a plus de femmes que d’hommes qui suivent le stage », constate le professionnel. « Mais d’après moi, c’est simplement parce que les femmes n’ont pas peur de le dire », ajoute-t-il avec humour. 

Au total, Sofia suit trois séances de deux heures, seule, aux côtés d’anciens pilotes professionnels. Passé le diagnostic de la peur, puis la théorie pour se familiariser avec le fonctionnement d’un avion, l’heure est aux « conditions de vol réelles » à bord du simulateur, pour désamorcer chaque idée reçue entraînant la crainte du « crash ».

Un pilote de course automobile terrifié par l’avion

« Beaucoup de personnes pensent que si le moteur d’un avion se coupe, celui-ci va tomber à pic instantanément », site à titre d’exemple Gilles Vallade, responsable des agence AviaSim de Toulouse et Bordeaux après 27 ans dans l’armée de l’air. « Non seulement la panne moteur est peu probable, mais surtout un avion, ça plane ! »

« 80% des candidats ont surtout peur des turbulences et de ses conséquences sur l’appareil. » L’autre raison qui entraîne bien souvent la peur de l’avion, c’est la crainte de mettre sa vie entre les mains de personnes qu’on ne connaît pas ». 

Il n'y a pas de profil type de personnes qui ont peur. Une fois nous avons accompagné un pilote de courses automobiles. Alors qu'il était habitué à prendre des risques en voiture, il était terrifié par l'avion. Une crainte due en partie à la perte de contrôle.

Gilles VALLADEResponsable des agences AviaSim Toulouse et AviaSim Bordeaux

« Le plus dur en vol, c’est les passagers, pas la machine ! »

« Et si quelqu’un ouvre la porte pendant le vol ? », interroge Sofia, manettes en mains. Par le « faux hublot », le paysage défile au-dessus de la Nouvelle-Aquitaine. Le « voyage » est loin d’être terminé. « Je donne 10 000€ à celui qui arrive à ouvrir une porte en plein vol ! », raille le commandant de bord.

Entre humour, bienveillance et arguments techniques, Yannick a réponse à tout. « Ouvrir une porte est impossible avec un tel niveau de pressurisation ». Doté d’une confiance aveugle en l’appareil, il assure après quelques confessions que d’après son expérience, « le plus dur dans ce métier, c’est les passagers, pas la machine ! »

Il est bientôt l’heure de remettre sa ceinture avant « l’atterrissage ». Toujours mise à contribution, la co-pilote Sofia n’est qu’à la moitié de son stage avec un objectif en ligne de mire : refaire des voyages en famille. Elle semble prête à envisager « la fiabilité de la machine ». Pour Yannick, pas d’inquiétudes. L’avion est toujours le moyen de transport le plus sûr au monde. 

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressée

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