"C'est exceptionnel" : créé à Bordeaux, l'anneau contraceptif pour hommes fait parler de lui
L’andro-switch, anneau contraceptif (à droite) a été créé par le Bordelais Maxime Labrit. (©Actu.fr / Anaëlle Montagne)
Entre pilule et stérilet, effets secondaires et douleurs, la compagne de Jean-Vincent n’en pouvait plus de sa contraception. Alors il y a deux ans, le couple s’est décidé : c’était au tour du Bordelais de chercher un moyen de se protéger.
Pendant ses recherches, Jean-Vincent tombe sur une vidéo qui présente une méthode de contraception masculine innovante : l’Andro-switch. C’est le déclic pour le Girondin, qui porte son choix de contraception sur ce petit anneau révolutionnaire.
Créé à Bordeaux par Maxime Labrit en 2018, il permet de mettre en sommeil la production de spermatozoïdes et rend ainsi stérile – de manière réversible. Après deux ans à porter l’Andro-switch, Jean-Vincent confirme : il est convaincu. « C’est une méthode contraceptive à 46 euros, sans effet secondaire ni douleur, je trouve ça exceptionnel ! »
Le hic : l’anneau n’est toujours pas certifié en dépit de son utilisation quotidienne par des milliers de personnes.
Comment fonctionne cet anneau ?
L’Andro-switch se base sur le protocole médical de la contraception masculine thermique. Il assure « le maintien des testicules en position haute », les remontant ainsi plus proche du corps. C’est aussi simple que ça : « La chaleur corporelle met en sommeil la production de spermatozoïdes », précisent les créateurs de l’Andro-switch.
Pour que la contraception fonctionne, il est nécessaire de porter l’anneau 15 heures par jour. Morgan, trentenaire bordelais, a opté pour cette méthode contraceptive en février 2023 : « J’ai toujours dit que je ne voulais pas d’enfant, il était temps que je mette quelque chose en place pour l’éviter et que je me prenne en main. Au départ, c’était un peu bizarre mais finalement, ça s’est fait naturellement. Là, je le sens plus du tout. »
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Les porteurs de l’anneau doivent aussi s’adonner à des analyses appelées spermogrammes. L’Andro-switch n’est efficace qu’au bout de trois mois, date du deuxième spermogramme, et des tests doivent être faits tous les trimestres pour s’assurer de son bon fonctionnement.
Problème : un seul un laboratoire propose ces analyses à Bordeaux, car elles sont aussi chronophages que coûteuses. Les délais s’allongent donc à vue d’œil à mesure que l’Andro-switch convainc davantage d’hommes. « Ils ne proposent que trois créneaux par jour et il y a de plus en plus de demandes, je pense que ça va vite devenir compliqué », confie Morgan.
Les autres méthodes de contraception masculine
Il existe plusieurs méthodes de contraception masculine. Deux méthodes restent expérimentales mais sont employées, et en cours de certification : la méthode thermique (Andro-switch) et les injections hormonales. Il existe aussi des variantes : le Spermapause, un boxer équipé d'une batterie chauffante, ou des slips et jockstraps permettant une remontée testiculaire de la même manière que le fait l'anneau.
La vasectomie est la seule méthode reconnue, considérée comme définitive bien qu'il soit possible de retrouver sa fertilité. Enfin, d'autres méthodes sont à l'étude et en cours de développement : la pilule hormonale et les injections de polymère, un gel qui bloque le passage des spermatozoïdes dans les canaux déférents - utilisée aux États-Unis et en Inde.
Pourquoi l’Andro-switch n’est-il toujours pas certifié ?
Trois ans après son invention par Maxime Labrit, la vente de l’anneau en tant que dispositif médical a été suspendue par l’Agence nationale de sécurité du médicament le temps que des tests officiels puissent être réalisés.
« On connait son efficacité qui est prouvée, mais il n’a pas pu être certifié car les tests officiels coûtent une somme astronomique et prennent des années », explique Jean-Vincent lors d’une permanence mensuelle sur la contraception masculine organisée au Planning familial.
L’anneau est finalement en cours de test par l’ANSM, « ce qui est très encourageant », confirment les parties présentes lors de la permanence. Ils espèrent que l’Andro-switch pourra bientôt être vendu directement dans les rayons des pharmacies – et non plus uniquement sur internet, comme c’est le cas actuellement.
« On nous recommande de ne pas le recommander »
L’absence de certification est aussi l’une des raisons pour lesquelles de nombreux médecins choisissent de ne pas proposer l’anneau à leurs patients. « On nous recommande de ne pas le recommander », raconte Frédéric Leal, médecin généraliste à Bordeaux.
Il choisit pourtant d’accompagner les patients qui souhaitent porter l’anneau contraceptif, officiellement pour « les aider à réduire les risques liés à son utilisation ».
Chaque deuxième lundi du mois, il se joint à des utilisateurs de l’Andro-switch qui animent la permanence du Planning familial pour informer ceux s’intéressent, de près ou de loin, à la contraception masculine. Ils espèrent que l’anneau contraceptif sera enfin homologué d’ici 2027.
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